L’Homme vit entre rappel et oubli. Lorsqu’il oublie son Créateur et le sens de sa vie, il devient vulnérable aux vices. Le jihad consiste à effectuer cet effort sur soi, à se rappeler pour éviter les vices et s’orner de vertus. C’est le cheminement spirituel.
Les vices et vertus dans l’Islam sont universels. Il ne s’agit pas de valeurs particulières à une certaine civilisation ou en rupture vis-à-vis des autres religions monothéistes.
Les vices du cœur
Ils sont nombreux. L’arrogance et la vanité, l’orgueil, l’envie-jalousie, la haine, la colère excessive et incontrôlée, la fierté, le doute quant à l’existence de Dieu, la perte d’espoir en Sa capacité à pardonner (et plus généralement avoir une mauvaise opinion de Dieu), l’ostentation, l’amour du pouvoir et des richesses, l’insouciance et l’oubli de Dieu et des réalités supérieures, etc.
L’arrogance est particulièrement dangereuse. C’est le vice de Satan, celui qui lui fit refuser de se prosterner devant Adam. C’est le vice de ceux qui refusent de croire.
De même, oublier Dieu, et oublier de se rappeler de Dieu (ghafla) est un mal qui ouvre la porte à d’autres maux.
L’envie-jalousie est aussi particulièrement problématique car vouloir pour soi ce qu’autrui a, tout en souhaitant qu’autrui ne l’ait pas, c’est être en désaccord avec Dieu et le décret divin. Il est parfaitement sain de vouloir ce que l’on n’a pas encore et de faire l’effort nécessaire pour atteindre un objectif donné tant qu’on ne transgresse pas et sans que cela ne se transforme en envie malsaine vis-à-vis d’autrui. « N’est totalement croyant que celui qui désire pour son frère ce qu’il désire pour lui-même », rappelle une célèbre tradition du Prophète ﷺ.
Les vertus du cœur
La première des vertus du cœur est la foi en Dieu, car elle doit conduire le croyant vers d’autres vertus. La sincérité (ikhlas), l’humilité, la générosité, la magnanimité, la gratitude, la patience …
A contrario des vices mentionnés plus haut, le croyant doit se distinguer par son humilité, son souvenir du Créateur et son maintien d’une bonne opinion vis-à-vis de Dieu et de la création. Il est essentiel de se souvenir de Dieu, et de faire l’effort de se souvenir : par la prière, par la parole (dhikr), par la pensée… Il est aussi nécessaire d’avoir une bonne opinion de Dieu et une bonne opinion d’autrui. Ne pas voir d’abord le mal dans les autres mais faire preuve d’empathie, trouver une excuse à son prochain.
Une vertu souvent mentionnée dans le Coran et parfaitement incarnée dans l’exemple des prophètes est le sabr : la persévérance et la patience qui découlent de la maîtrise de soi et de la confiance en Dieu. Il s’agit d’être persévérant dans les bonnes œuvres et le respect des commandements et interdits, et d’être patient face à la difficulté et au décret divin.
Les vices du corps
Il s’agit des vices liés à la parole (médire, mentir, insulter, utiliser des termes vulgaires, …), des vices liés à l’ouïe (écouter des médisances ou participer à des discussions où l’on dit du mal d’autrui, …), des vices liés à la main (tuer, frapper, voler, ne pas être juste lors d’une vente, …) et bien d’autres. Un vice particulièrement lourd est le fait de couper contact (ou de ne pas être suffisamment en contact) avec sa famille et ses proches. Etre bon envers ses parents est une obligation rappelée à maintes reprises dans le Coran et les traditions prophétiques.
La voie spirituelle vers la piété
L’effort sur soi commence par la repentance (tawba). Elle a lieu dans le cœur, dans l’intimité de l’être. C’est un remord vis-à-vis du passé et une résolution ferme à rectifier son comportement à l’avenir. En somme, c’est sonder son cœur, rectifier ce qui doit l’être et décider de vivre en paix, en accord avec sa nature originelle. Dieu pardonne nos erreurs. Il ne faut en aucun cas désespérer de Sa générosité et de Sa capacité à pardonner. Quelles que soient les erreurs commises par le passé, Il est l’Accueillant au repentir, le Généreux au-delà de toute générosité. « Quiconque agit mal ou fait du tort à lui-même, puis implore de Dieu le pardon, trouvera Dieu Pardonneur et Miséricordieux. » [4.110] Dieu aime celui qui retourne à Lui…
Le cheminement spirituel se vit dans la piété et mène à la piété (taqwa) : la conscience intime de Dieu qui se traduit par l’observation des commandements et des vertus et l’éloignement des interdits et des vices.
« Et prenez avec vous vos provisions [pour le voyage] ; mais vraiment la meilleure des provisions est la piété [la conscience intime de Dieu] » [2.197]
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