De plus en plus souvent, on entend dans nos sociétés modernes une remise en question de l’existence même de Dieu. Souvent, ceux qui défendent cette thèse soulignent que la négation d’un Créateur est « évidente » compte tenu des connaissances modernes. Or cet athéisme n’est en réalité pas en avance : il est en retard.

L’athéisme (tout comme le polythéisme et l’idolâtrie) est au contraire, dans l’histoire de l’humanité, un phénomène ancien et archaïque que le monothéisme a fait reculer. Les révélations monothéistes que sont le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam sont venues moderniser des sociétés qui étaient alors athées et polythéistes. L’athéisme d’aujourd’hui n’est pas un dépassement, c’est un retour en arrière.

 

La nature humaine

 

Dieu a créé l’Homme avec une nature (une fitra) qui sait, naturellement, qu’il existe quelque chose au-delà de nos vies humaines, un sens supérieur. Cette volonté de s’élever est, dans l’Islam, une disposition naturelle de l’âme. D’une manière ou d’une autre, dans son intimité, chacun d’entre nous le sait. Chacun est né avec une prédisposition à reconnaître l’existence d’un Etre supérieur, à voir ses signes dans la création et dans ses révélations.

De nombreuses narrations nous ont été transmises sur la manière dont des prophètes ainsi que certaines figures historiques ont convaincu des personnes pour qui l’existence de Dieu n’était pas encore devenue une évidence (voir Abraham dans l’Islam). Jaafar Al-Sadiq, un descendant du Prophète ﷺ, avait un jour rencontré un homme athée. Il lui demanda s’il avait déjà vu la mer, magnifique qu’elle est… L’homme lui répondit qu’il avait voyagé à bord d’un bateau, que ce dernier avait coulé et que beaucoup avaient péri. Il s’était d’abord agrippé à des planches avant qu’elles ne soient hors de portée. Il lui demanda :

« – Tu comptais sur le bateau, puis sur l’équipage, puis sur les planches. Mais quand toutes ces choses t’ont quitté, avais-tu encore l’espoir d’être sauvé ?
– Oui, répondit l’homme.
– En qui avais-tu placé cet espoir ?
Il resta silencieux.
Puis Jaafar conclut :
– Le Créateur. C’est en Lui que tu avais de l’espoir à ce moment et c’est Lui qui t’a sauvé. »

Avec subtilité, l’expérience de la vie, qui voit la mort, qui donne elle-même la vie, rappelle à la nature humaine l’existence de Dieu.

 

L’univers comme Révélation

 

La nature, le monde qui nous entoure, l’univers, sont des signes, une Révélation. De l’infiniment grand à l’infiniment petit. Des astres aux atomes. De la Terre aux cellules. Les hommes de science et de savoir savent la complexité. Ils voient la beauté de la création. La manière dont une cellule vivante fonctionne, dont un œil fonctionne… L’humanité et le génie de sa création, les plantes, leurs fruits avec leurs goûts, leurs couleurs, les animaux et le génie de leur création. Même la manière dont un moustique pique et ce que cela révèle de son anatomie et de sa physiologie est, pour celui qui sait étudier, regarder et réfléchir, magnifique.

La création est incroyable de sens, de génie et de sagesse. Chaque élément pris isolément. Mais également les interactions entre chacune des créations : le goût, la vue, l’odorat, le toucher, qui permettent d’apprécier les plantes et les fruits dont la taille et la disposition sont adaptées aux autres créations, leurs propriétés qui permettent de guérir et de préserver la santé, leurs couleurs, leurs goûts… les plantes qui permettent de guérir l’Homme… la présence d’oxygène, l’alternance du jour et de la nuit… La vie moderne, loin de la nature, nous fait oublier les réalités premières.

L’Islam n’est pas contre une certaine évolution-succession des espèces et des états sur Terre. Mais une évolution reflétant la sagesse divine et non un hasard chaotique.

Que dire de la création qui nous entoure, incroyablement complexe et belle ? Celle de l’Homme, de ses émotions, du feu, de la Terre, de ses animaux et de ses plantes, de l’univers ?

On entend souvent dire que la science permet de dépasser le phénomène religieux. C’est au contraire la science, la raison et le savoir qui permettent de confirmer l’élan naturel vers la reconnaissance d’un Créateur. Le Coran demande explicitement à l’Homme de réfléchir, de raisonner. La science et la raison sont même la preuve la plus irréfutable de l’existence d’un Créateur. On sait aujourd’hui que la probabilité que l’univers et qu’une vie intelligente existent est infime. Le nombre de conditions nécessaires à la vie (et la précision des valeurs que ces paramètres doivent vérifier) est inouï. Que toutes les conditions aient été satisfaites et que tous les paramètres aient été parfaitement calibrés, y compris les 4 forces fondamentales régissant les règles physiques de notre univers, comme la gravitation… Que cela soit le pur fruit du hasard défie le bon sens et est, d’un point de vue mathématique, bien plus improbable et requiert bien plus de « foi » que la croyance en une création voulue et intelligente du monde.

 

Ce que l’on voit, ce qui nous permet de le voir et ce qui nous permet de comprendre ce que l’on voit… autant de preuves, de signes, pour ceux qui raisonnent.

« Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Il est certes Indulgent et Pardonneur. » [17.44]

« En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence ». [3.190] Le Prophète ﷺ pleura une nuit entière à la révélation de ce verset…

 

Les prophètes et les révélations divines

 

A cette Révélation qu’est l’univers, sont venues s’ajouter d’autres révélations, d’autres signes du Créateur pour nous rappeler son Existence. Il s’agit des prophètes et des révélations respectives. Prenons à titre d’exemple le Prophète Muhammad ﷺ et le Coran. Ils prouvent l’existence de Dieu de plusieurs manières. Et d’autres prophètes et révélations pourraient être mentionnés.

 

D’abord la vie du Prophète ﷺ, dans tous ses détails.

Sa spiritualité, ses qualités morales, les évènements au cours de sa vie, les révélations, ses enseignements rapportés par tant de compagnons, les témoignages de sa famille et de ses proches, même de ses ennemis. D’un point de vue purement logique, au-delà de l’émotion et de l’attachement créés par la lecture de sa biographie, sa vie, ses enseignements, ses connaissances (les détails au sujet des prophètes passés, du Jugement Dernier, ses prédictions qui se sont réalisées, …), son combat pour la paix, la justice, la tolérance, l’amélioration de la condition humaine, ses sacrifices et ses miracles… Cela ne peut être que d’inspiration divine. A chacun de se faire son opinion, une opinion basée sur le savoir. C’est pourquoi la lecture d’une biographie du Prophète ﷺ est probablement la manière la plus facile et la plus vivante de comprendre le monothéisme et l’Islam. (Voir Histoire : La vie du Prophète)

 

Ensuite le Coran lui-même.

D’abord la manière dont il a été révélé, tout au long de la vie du Prophète ﷺ et dont ses contemporains ont pu témoigner. La première révélation l’avait laissé dans un état de choc.

Ensuite son style. Pour le lecteur qui maîtrise la langue sémitique qu’est l’arabe, le Coran est un miracle. La sonorité, la pureté de la langue, sa cohérence, … Pour les Arabes athées et polythéistes de l’époque, comme pour ceux qui parlent arabe aujourd’hui, le Coran est un miracle. Ce qui est malheureusement perdu dans les essais de traduction.

Enfin son contenu. Le cœur du message du Coran est similaire aux autres fois monothéistes qu’il vient confirmer (l’existence d’un Dieu unique, l’Au-delà, la nécessité du bon comportement et de la justice, le bel-agir envers les pauvres, etc.). Le Coran présente aussi le récit de nombreux prophètes et apporte des détails (par ex. sur la naissance de Jésus, la rencontre entre Moïse et Khidr, etc.) qui ne sont pas présents dans la Bible.

Au-delà de ce contenu « religieux », la révélation est un miracle scientifique. En termes d’embryologie, le Coran décrit avec précision les différents stades de l’embryon, des réalités biologiques découvertes récemment et impossibles à savoir ou deviner au VII^ème siècle au milieu du désert, sans microscope ni matériel moderne. Le Prophète ﷺ expliquait aussi, par ailleurs, et contre toute attente, que c’est l’homme qui détermine le sexe de l’enfant et non la femme, que les « eaux » de l’homme font en quelque sorte la « course » pour déterminer le sexe. Le Coran mentionne les étoiles pulsar et leurs propriétés, découvertes dans la seconde moitié du XX^ème siècle. La tectonique des plaques, les vagues sous-marines, … Il y a plus de 1 400 ans dans le désert d’Arabie.

Et d’autres prophètes et révélations pourraient être mentionnés.

 

Raison et Logique

 

Au-delà de ce qui a été mentionné plus haut, spécialistes de la logique, théologiens (musulmans et non-musulmans) et philosophes ont également formulé de nombreux autres arguments prouvant l’existence d’un Créateur à partir uniquement de la raison. On peut citer à titre d’exemple l’argument cosmologique et son syllogisme : tout début ou changement d’état a une cause, or le cosmos ou espace-temps a par définition un début (tout élément temporel le précédant y étant par définition inclus), donc par conséquent le cosmos a une cause hors de l’espace-temps. Cette cause, cet acte créateur hors du temps, c’est Dieu. Et d’autres raisonnements logiques pourraient être mentionnés.

 

Que ce soit par la nature même de l’être humain, par la Révélation qu’est la création ou par les révélations qui ont jalonné l’histoire de l’humanité… autant de preuves et de signes qui renvoient au Créateur.